Faut-il vraiment abolir la viande ?

Publié le par Claire Colliat

Quelques lignes jetées sur une liste de diffusion après un appel à manifester pour l'abolition de la viande, en Champagne-Ardenne, en janvier 2011.

 

Bien sûr qu'il faut militer contre les élevages industriels et la manière dont y sont traités les animaux d'élevage. Je vous renvoie d'ailleurs aux excellents travaux et aux publications d'une chercheuse de l'Inra, Jocelyne Porcher parmi lesquels un ouvrage très accessible et drôle : Une vie de Cochon, aux éditions La Découverte 

 

Faut-il pour autant demander l'abolition de la viande ?

 

Je me méfie toujours des raisonnement binaires. Ils peuvent mener à des positions inacceptables comme en témoigne la campagne actuelle contre les abattages rituels.

Ne laissons pas faire.

 

On peut consommer autrement, comme y invite Fabrice Nicolino dans son bouquin qui avait fait sensation : Bidoche

Manger moins de viande et privilégier une viande issue d'élevages de proximité et s'ils sont bio, c'est encore mieux.

 

Ici, dans le sud de la Haute-Marne, un groupe d'agriculteurs a monté le projet Multiferm. Deux magasins de vente directe où est essentiellement vendue de la viande. On connaît les producteurs et leurs méthodes de travail. Ce projet a permis de consolider l'activité agricole, de rendre transmissibles des exploitations et de permettre à des jeunes de s'installer. Quatre jeunes sont encore sur le point de s'installer grâce à ce projet. Localement et à Dijon (puisque c'est aux portes de la ville qu'a été ouvert le second magasin), Multiferm offre aux consommateurs des produits de qualité à des prix raisonnables. En consommant ces produits, ce sont des familles que l'on fait vivre, des villages et des écoles qui restent animés et dans lesquels on peut continuer à faire de super fêtes, des paysages et un territoire qui attirent de nouveaux habitants et d'autres activités. 

 

Mais il faut alors mener un autre combat : celui du maintien des abattoirs de proximité. En France, c'est un sérieux problème. Au nom de la sécurité alimentaire (derrière laquelle se cachent de grands groupes agroalimentaires et les pouvoirs publics aujourd'hui) et d'une réglemenatation européenne (dont on voit pourtant qu'elle n'est pas interprétée dans tous les Etats membres de la même manière) on est en train de concentrer ces outils. Pour quel type d'élevage cette concentration pose-t-elle souci ? Surement pas aux élevages industriels qui n'ont que faire de quelques dizaines de kilomètres de plus à faire parcourrir aux animaux.

 

Si nous perdons ce combat des abattoirs de proximité, alors oui, sans doute un jour faudra-t-il militer pour l'abolition de la viande. Mais ce n'est pas le monde dont je rêve.

Publié dans Chroniques

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