C’est le ministre qui l’a dit !

Publié le par Claire Colliat

Chronique écrite en septembre 2008

 

2 septembre. C’est la rentrée pour tous. Où qu’ils habitent, les écoliers reprennent leur cartable. En avant pour la semaine de quatre jours. On passe de 26 à 24 heures hebdomadaires, à raison de 6 heures par jour les lundis, mardis, jeudis et vendredis. C’est le ministre qui l’a dit ! Une décision qui vise à alléger les longues journées de nos chérubins. Au passage, « les enfants en difficulté » écopent de 2 heures de plus dans le cadre « d’un programme personnalisé de réussite éducative ».

 

Dans mon village, lors du dernier conseil d’école, nous avons dû définir la répartition de ces deux heures hebdomadaires. L’inspection académique le demandait. Ce soir-là, avec les enseignants, les représentants de parents d’élèves, les élus de la communauté de communes et des six communes concernées, j’ai cru que nous étions parachutés au royaume de l’absurde. Il semble que personne au ministère n’ait, ne serait-ce qu’une seconde, imaginé la mise en application de cette décision, notamment en milieu rural. Comment fait-on pour gérer les transports scolaires ? On décale les bus d’une demi-heure tous les soirs pour que tous les enfants puissent rentrer chez eux ? Mais alors qui s’occupe des élèves qui n’ont pas de difficulté pendant le programme de réussite éducative ? On pourrait prévoir des activités périscolaires. Qui les finance ? Et pourquoi les élèves en difficulté en seraient-ils privés ? On voulait alléger les journées, finalement, ça va les rallonger pour tout le monde ! On ne peut quand même pas laisser les élèves en difficulté rentrer chez eux à pied ni faire supporter les trajets supplémentaires par les familles concernées (encore faudrait-il qu’elles aient toutes une voiture). Alors, il faut mettre en place un circuit de bus supplémentaire. Comment les collectivités vont-elles pouvoir supporter cette charge ? Après le Grenelle de l’environnement, à quoi ça rime ?
Depuis plus de quinze ans dans mon village, élus, parents et enseignants ont l’habitude de débattre autour des projets éducatifs de l’école. Ensemble, nous avions choisi et adopté une organisation dans l’intérêt des enfants. Pour tout le monde, ça n’était que du bonheur. Ce soir-là, nous avons dû adopter un autre planning, qui ne satisfait personne et qui surtout est inapplicable. Triste soirée.

À lire : La position de la Fédération Nationale pour l’École Rurale (FNER) : La FNER dénonce les réductions d’effectifs des enseignants, les réductions des horaires d’enseignement, les « nouveaux » programmes qui privilégient l’apprentissage d’automatismes au détriment de la réflexion.

Pour aller plus loin :
http://ecole-rurale.marelle.org/


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